Périr pour de bon

« C’est l’ultime conviction, une sorte de désir décharné, qui raidit l’être à chacun de ses assauts et le précipite dans un espace informe et disloqué. Mais peut-être est-ce cet espace qui, subitement, se projette sur le corps, le structure, le modèle, le sculpte du dedans ? Le corps est là, telle une relique, rattaché à la vie par ce lien filamenteux qui le suspend à quelques centimètres du sol, juste assez pour que perdure le vertige, juste assez pour que se fasse entendre cette voix rauque et ondoyante de l’être étreint. Alors que détonne le fracas des plaintes, des syncopes, des vibrations et d’un silence infini, l’espace, lui, s’agrandit, se disperse, puis se recompose autour du corps qui, saisi par le vide, se presse contre la terre, tout contre, comme pour embrasser la vie en s’abîmant. »